Il fallait qu’il soit là…

Il y avait dans sa suite immédiate, parmi ses « Douze » : 2 prétentieux, un traitre, un lâche, quelques faux-culs, un mal-croyant et des timides.
Il allait à la rencontre des lépreux, des inclassables, des indésirables et des exclus de la communauté d’alors.
Il s’asseyait à la table des voleurs, des menteurs, des donneurs de leçon.
Il se laissait toucher par une prostituée qui dépensait tout son argent malpropre pour acheter un parfum de grand prix.
Il allait de lui-même au devant d’une femme qui avait eu 5 maris, qui vivait alors avec un sixième et qui aurait peut-être bien voulu qu’il devint le septième…
Il touchait les morts, les cadavres…
Quand il passait quelque part, il rencontrait les gens. Il remettait en vie, il rendait la confiance. Il y avait dans son regard quelque chose qui sauve l’autre de son passé.

Il n’aimait pourtant pas le mensonge, l’hypocrisie, la fausseté, l’imposture, le pharisaïsme, la tromperie. Mais il aimait profondément les menteurs, les hypocrites, les faux, les fourbes, les pharisiens… parce qu’il savait qu’ils valaient bien plus que ce qu’ils avaient fait ou que ce qu’ils faisaient.
Il croyait en leur à-venir.
Il les espérait.
Il les souhaitait, il les considérait.
Il désirait pour eux le meilleur.
Il savait bien qu’il en était Le chemin. 

Pour se laisser déranger par la vie et par les gens qu’il rencontrait, il se laissait déranger ! Et fameusement ! Bousculer, déconcerter, stimuler, désarçonner, et entrainer.
On l’appelait ? Il venait.
Il était seul ? On allait le chercher.
Il était à peine ici qu’on l’attendait là-bas.
Il ne se dérobait pas.
Le fait d’être toujours en route ne faisait pas de lui un instable.
Il demeurait dans la confiance en la Vie: c’était même sa maison.

En lui, aucune méfiance. Aucune défiance. Aucune crainte.
Pas même la peur de se compromettre, de se risquer avec les « pas comme il faut ».
Cela ne faisait pas de lui un complice du mal, mais un frère : c’est peut-être ce qu’il y a de plus important à vivre. Il savait bien qu’il n’y a que ça qui guérit l’homme.
A vivre avec les gens, il ne perdait rien de lui-même.
Mais il donnait à d’autres de croire en leur possible, d’aimer leur vie jusque dans sa fragilité, et d’espérer un avenir possible, une vie plus authentique. Une vie plus intense.

Il fallait qu’il soit là.
Près d’eux.
Il s’agit bien de demeurer dans ce souffle là…

Et quand on n’y arrive pas, de lui demander avec patience l’Esprit qui fait toutes choses nouvelles. Et ne pas rester prisonniers de nos rêveries d’une communauté de « purs » ou dans la nostalgie de ce qui n’a jamais été…

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