La véritable humilité…

Il y a une humilité qui ne consiste pas du tout à dire à Dieu : « je suis un pauvre type, mais vous aurez pitié de moi ; parce que je suis un mendiant, je ne demande pas grand-chose, juste un petit strapontin ! »
Il y a une autre humilité infiniment plus réelle, et la seule vraie, finalement, qui est de ne plus se regarder… C’est de s’émerveiller tellement de la beauté de Dieu, de la bonté de Dieu, qu’on ne puisse plus penser à soi. Et la seule manière de se guérir de cette vanité bête à laquelle nous cédons tout aussi facilement : c’est justement d’apprendre à s’émerveiller.Plutôt que de me dire que je suis « un pauvre type »… il me semble que la plus belle manière d’échapper à ce sentiment de mendicité et de retrouver notre dignité, c’est d’entrer dans la musique, c’est d’entrer dans la connaissance, de cultiver ardemment une science, c’est d’aimer la nature, c’est de gravir une montagne, c’est d’aller chercher le lever du soleil, c’est de s’enthousiasmer pour la paix d’une nuit étoilée, c’est d’assister aux rires et aux ébats d’un petit enfant, c’est de s’émerveiller de son premier sourire, c’est de chercher partout à susciter cette éclosion de la beauté, de la grandeur, et de la dignité. Alors on n’a plus besoin de s’aplatir, on ne pense plus à soi, on se perd dans la beauté que l’on rencontre, on s’oublie dans la musique, on s’émerveille de ce sourire d’un petit enfant et, dans la joie d’admirer, on communique toujours plus profondément à la présence divine qui se révèle sous tous ces visages innombrables, sous tous ses aspects de la nature, de l’art, de la science et de l’humanité.

Maurice Zundel.

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